Qu’est-ce qui vous effraie?
Les fantômes? La mort? La solitude? Le sang? Les aiguilles? Les insectes? Les océans? La foule? Je pourrais continuer la liste mais cela m’ennuie. Vous aussi?
Je n’ai pas de phobies.
Oui, je mens. Un petit peu.
Il semblerait qu’il le faille pour écrire.
Je déteste les fourmis. Plus petit, je pleurais quand je les voyais se tuer à la tâche pour quelques miettes d’un biscuit. Elles m’horrifiaient. Incapable de faire autre chose que de travailler. Trop chiant. Jamais vu une de ces bestioles boire une bière en laissant son esprit vagabonder dans ce divin houblon.
Finalement, avec le temps, je les ai oubliées. Elles non.
Si vous souhaitez m’effrayer avec un bon film d’halloween, oubliez les histoires de vampires ou autres fantaisies, la vie professionnelle est largement suffisante. Dans mon costard bon marché, sur cette douce et parfaite terrasse du Cerf, j’essaie de réfléchir à mes peurs:
-Les petits chefs qui me conseillent de lire des livres de développements personnels alors que je n’ai même pas encore pu finir l’œuvre de Gary.
-Ces smalls talks du lundi matin où j’entends parler topinambour et de The Voice.
Putain.
Le pire c’est que je deviens gentiment mon cauchemar. Je mens. Encore. Grand écrivain en devenir. Je rigole. Je l’écris pour me motiver. Développement personnel.
Bref, socialement parlant, mes huit heures de black-out de ce week-end ne correspondent pas à ce que je dois être dans cette fourmilière.
Alors, pour un bon film terrifiant, regardez vos propres vies, mes amis. Et si le temps qui passe vous terrorise c’est que vous n’aimez pas ce que vous êtes en train de devenir. Moi aussi. Arrêtons d’aimer notre propre mort pour célébrer nos vies, aimons plutôt nos vies pour célébrer nos morts. J’ai fini ma bière. Gengis Cohn m’attend.