La mécanique du ventre

André Walter

Torsion. Quand tu manges tes émotions.
Gonflé. Quand quelqu’un t’a exaspérée.
Ballonné. Quand tu n’arrives plus à t’arrêter.
Habité. Quand il porte la vie.

C’est d’une mécanique bien plus abstraite que l’intestinale
dont je te parle.

Les choses qui te nourrissent ne sont pas toujours solides
Mais ton ventre répond comme si c’était un festin dont tu lui avais fait don.

Quand tu nourris ta chair ou ton âme,
la mécanique s’active. 

On s’en mange des trucs.
Des bons et des pas bons.
Il faut trouver la bonne dose.

Un sourire échangé, un bon repas partagé
même ressenti de légèreté.

Une parole méchante, une sauce trop piquante
même ventre tordu, qui déchante.

La nourriture affective
tu la manges sans ouvrir la bouche
mais ton corps réagit, tu en ressens toutes les secousses.Cette subtile et complexe mécanique du ventre…
On dit que tout ce qui rentre sort car la nature nous a dotées d’émonctoires.

C’est pourtant dur de trier. Des fois c’est trop bon et tu ne sais pas t’arrêter.
Nous sommes de chair et d’âme. Pas toujours de raison.

Parfois, c’est trop bon. Parfois, on ne sait pas dire non.
Mais le ventre est résilient, tu sais. Le ventre, c’est ton deuxième cerveau.
Quand ça fera trop mal, il se tordra plus fort. Pour te prévenir que c’est assez.
Avant d’y laisser ta peau.

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J’ai retrouvé sans peine l’endroit de nos haltes, tant il demeure inscrit au plus profond de ma mémoire. Je crois que je pourrais fermer les yeux et, sans même tâtonner, m’y diriger tout droit.

Raphaël Aubert, Sous les arbres et au bord du fleuve & autres récits. 2021.

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