Sans te toucher je m’approche
Et je te saisis par la parole
Attaché par mes phrases
Chuchotées dans la pénombre
Tu te débats contre la tessiture
De ma gorge
Je te suce avec ma voix
Mes mots condensent sur ta peau
Ils laissent des traces
De morsures
Je taille tes fantasmes
À la flèche de ma langue
Et quand mon verbe effleure enfin ta peau
Ta maîtrise explose
Révélant
Sculptée dans ton désir
La forme primitive de ton corps
Sa forme qui s’imprime dans ma bouche
Qui imprime son mouvement
Au flot de paroles qui coulent
A la commissure de mes lèvres
C’est moi qui te prends
Au mot
C’est moi qui te prends
En moi
C’est moi qui te prends
Par la voix
La seule manière de me faire taire
Tu la connais
Tu la sais
Quand devenu fou de mes murmures
De mes suggestions susurrées
Tu transformes mon langage
En cri désarticulé
Muet
Gorgé de sang
Fécond de sens
Tu casses mes mots en morceaux
Qui retombent sur nous comme la sueur
Et tu me laisses
Tu me laisses sans voix