Solitudinée

C’était juste Moi, pas ma conscience et Moi pas ma raison et Moi
pas eux et Moi

NON

Moi toute seule toute simple sans autres artifices humains –sang, peau, sans police et sans biens, sans détails de trop– juste Moi dans la solitude,

la solitude

autour de Moi, Moi comme une pierre polie dans la roche du temps que le néant semble étrangler. Et même si tout s’agite autour, si tout gravite si tout s’habite, le monde me paraît loin,
à bout d’œil je ne l’aperçois.

C’était juste Moi, cet espace abandonné à mes pensées divagantes, cet espace doté du rien, juste ça, et puis plus loin les autres.

C’était Moi seule dans un dôme d’isolement que mon esprit avait créé de dépits et de sarcasmes, Moi par Moi-même exilée d’un monde de débris vers un lieu bâti sur des mensonges intérieurs, Moi dans la chambre froide du Bar Les Noix de Coco où les festivités vont bon train. Moi loin des trains, des voitures et des bicyclettes, loin, beaucoup plus loin. C’était Moi, juste Moi sur mes deux pieds qui épousent la terre. Les chaînes de la solitude se referment sur mes chevilles. C’était juste Moi, ou faussement Moi emprise de mes souhaits de quiétude, victime de mon autarcie, perdue dans ma cécité intentionnelle, presque noyée dans mon exil volontaire.

Avant c’était juste Moi dans la solitude,

la solitude autour de Moi.

Là ce n’est plus que moi, bouffée par la solitude.

© Hélène Lavoyer

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J’ai retrouvé sans peine l’endroit de nos haltes, tant il demeure inscrit au plus profond de ma mémoire. Je crois que je pourrais fermer les yeux et, sans même tâtonner, m’y diriger tout droit.

Raphaël Aubert, Sous les arbres et au bord du fleuve & autres récits. 2021.

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